CB 025 OCTOBRE 2017
D’ ANNAPOLIS
à YANKEE POINT MARINA
Nous venons de passer 5 jours à Annapolis.
La météo n’est pas très favorable voire très défavorable pour les prochains jours.
Il a commencé à pleuvoir et ça augmente heure après heure.
A priori nous devrions repartir lundi avec un vent qui devrait souffler quelques heures de N avant de repasser en S/SW .
Dans cette ambiance peut engageante à la navigation nous avons retrouvé un bateau allemand « Cheglia » appartenant à Lydia et Martin que nous avions rencontrés à Port aux Basques, Terre Neuve l’été dernier. C’est toujours agréable de se retrouver entre navigateurs…
Dimanche 29 octobre, environ 9 heures,
nous recevons un appel téléphonique de notre copain américain Steven qui navigue pas très loin d’Annapolis. Il sait que nous souhaitons partir assez rapidement car nous en avions discuté 2 jours plutôt.
Il a habité Annapolis de nombreuses années de ce fait il connaît mieux cet espace de navigation et la météo locale. Il nous dit que nous pouvons partir si nous le voulons, dehors dans la Baie de Chesapeake le vent souffle du SW. Celui-ci devrait tourner rapidement en N plus vite que ce que les prévisions météo ont annonçées. Ca souffle fort mais ça devrait aller. Effectivement, depuis notre mouillage nous n’avons aucune information en temps et en heure concernant la baie, nous sommes trop loin et trop abrités pour pouvoir s’imaginer ce qui se passe dehors.
Nous nous disons au revoir en nous souhaitant simultanément « bonne nav. » !
Dominique me regard en me disant « on se le tente ou bien on en prend pour au moins 3/4 jours d’attente »…
Il est vrai que c’est une situation très tentante… nous avions prévu de passer quelques jours tranquilles à notre marina préférée de Yankee Point. Si nous ne profitons pas de cet opportunité nous arriverons seulement la veille de la sortie à sec de Lilopin.
10 heures 40,
dehors, il bruine, tant pis, nous sommes bien équipés pour la pluie.
Nous levons les 2 ancres. Exercice de style, n’est ce pas !!! C’est toujours délicat d’effectuer cette manœuvre sans voir les chaînes s’entremêler.
« GAGNE » tout se passe pour le mieux… Il ne me reste plus qu’à téléphoner pour faire ouvrir le pont.
Le gardien du pont me répond qu’il n’y a pas de problème d’ici 10 minutes le pont sera ouvert.
11 heures ,
le pont commence à se lever, nous venons de terminer le relevage des ancres et de nettoyer le pont (ici il y a une boue toute noire et très collante au fond).
Le pont franchit, nous nous dirigeons vers le ponton à gas-oil situé tout de suite à droite du pont.
Lorsque Dominique demande environ 105 galons de diesel (environ 400 litres de gas-oil), le jeune homme le regarde en ouvrant grands ses yeux et lui demande confirmation… « oui, oui c’est bien ça » !!!
Nous profitons aussi de remplir nos réservoirs d’eau car il n’a pas été question d’utiliser le dessalinisateur au mouillage.
Tout cela nous prend environ 1 heure.
12 heures,
c’est le départ. Nous passons devant le voilier Cheglia en appelant Lydia et Martin. Martin est parti assisté à un match de football américain ce sera Lydia à qui nous dirons au revoir. Ce sont des échanges réciproques « de souhaits de bonne navigation et de se revoir bientôt »…
Ces moments de départs sont toujours un peu émouvants...mais cela fait partie de la vie de navigateurs !
La bruine vient de se transformer en une bonne pluie.
Nous atteignons la baie le vent est effectivement de SW 26 nœuds.
Très vite nous prenons 2 ris dans la GV et 3 ris dans le G.
Le vent tourne à N mais cela ne durera pas très longtemps, il pleut toujours, fort heureusement nous avons fermé le cockpit .
17 heures 05,
qu’allons nous faire, stopper avant la nuit sur un mouillage ou bien continuer notre navigation pour arriver demain matin ?
Le capitaine et moi sommes en réunion pour prendre la décision, qui sera celle de continuer, en finir une fois pour toutes…
Cependant, à la tombée de la nuit le vent s’intensifie et change de direction, il arrive maintenant de l’W. Il va tournoyer pendant des heures pour finalement se fixer en SW/S, la cata… il est de face…
Lundi 30 septembre, 1 heures 30,
le vent d’W avec une moyenne de 30/35 nœuds , rafales jusqu’à 62 nœuds !!!
Il commence à faire froid. Dominique et moi commençons à mettre des épaisseurs supplémentaires sur nous. Pourtant le cockpit est fermé, il fait 8°C.
La nuit va être très tourmentée. Dominique ne dormira pas tandis que je vais sommeiller dans le cockpit.
Aux alentours de 4 heures,
nous arrivons à l’embouchure de la rivière RAPPAHANOCK.
Le capitaine est dans l’obligation de prendre la barre et de barrer pendant environ 2 heures pour rentrer dans la rivière. Ce ne sont que des tourbillons de vents à 50/55 nœuds, des vagues qui arrivent de toutes parts, le moteur est à fond…
Je suis en bas à la table à carte pour vérifier les fonds sur la cartographie et les instruments, ou plutôt voir les fonds qu’il n’y a pas. Il y a un chenal très précis bordé de hauts fonds à 2 et 1 mètres (et encore moins par endroits). Je ne comprend pas ce qui se passe. Sur l’écran de mon ordinateur je vois Lilopin pivoter sur lui-même reculer… Je demande au capitaine ce qui se passe, ne serait ce pas le pilote automatique qui n’arrive plus à gérer !
Je vois Dominique à la barre , il a du mal à barrer. Je vois un visage crispé « rien de bon »… Je redescends en me taisant car la manière dont il m’a répondu « ça va » voulait dire « laisse moi je galère » !!! Lilopin gribouille une drôle de trace sur l’écran. Puis il revient pour repartir quelques minutes plus tard dans tous les sens ». Ici, à l’intérieur les vagues cognent forts », le bateau est stable mais il rentre profondément dans les vagues…
Le jour commence à poindre, c’est un petit soulagement car la nuit toutes les situations difficiles en mer deviennent rapidement un cauchemar !
VIDEO :https://youtu.be/09O9-fPvVTs
Ca y est, grâce à son capitaine Lilopin est entré dans la rivière. Une rivière très agitée mais c’est bon d’ici moins de 3 MN nous serons vraiment à l’abri.
9 heures ,
la marina est là, nous sommes accueillis par l’un des employés qui nous reconnaît rapidement, puis ce sera Arold , l’indien, qui arrive sur le ponton en nous disant « comment ça va ? Cette nuit ça a drôlement soufflé ! ».
Ici, ils savent tous que nous sortons d’une belle galère …
Nous sommes très heureux d’être arrivés « à bon port » sans casse tout juste un peu fatigués de ne pas avoir pu dormir ?
Les jours qui suivent nous "bichonnons" notre Lilopin et le préparons pour son hivernage ...
Nous apprécions nos derniers jours aux USA, pour cette année!!! "sure""...
... et l'incontournable Harold, voisin de ponton qui habite sur son bateau tout au long de l'année...
Voilà, notre saison 2017 s’achève dans ce lieux paradisiaque.
Nous venons de comptabiliser pas moins de 3.041,6 MN, soit 5.650 kilomètres (du 4 juin au 30 octobre).